Covid-19 : le déploiement de la fibre optique accuse le coup
Technologie : Les professionnels de la filière des infrastructures numériques chiffrent à un million le nombre de prises de fibre optique perdues en 2020 après la crise sanitaire. Et en appellent aux pouvoirs publics.
Les professionnels des infrastructures numériques – à l’origine du déploiement des réseaux fixe et mobile sur le territoire – s’inquiètent des conséquences de la crise sanitaire sur leur écosystème. Comme l’a fait savoir ce lundi Infranum dans le cadre de la restitution d’une étude menée en mai dernier, les entreprises de la filière ont perdu environ 36 % de leur chiffre d’affaires durant le confinement, tandis que 30 % des entreprises du secteur déclarent avoir enregistré des difficultés de trésorerie.
Pour autant, « il n’y a pas eu d’arrêt complet de l’activité. Selon les types d’entreprise, on est descendu à 40 ou 50 % de l’activité normalement attendue au début du confinement, pour remonter à 75 % à partir du 11 mai dernier. On s’attend désormais à un retour prévu à 90 % de l’activité dès septembre », explique-t-on du côté d’Infranum. Quant à atteindre un retour à la normale, les professionnels du secteur ne l’envisagent pas encore. « On sur des métiers où on ne peut pas télétravailler et qui nécessitent en général des déplacements sur site. A ce stade, ce qui est perdu est perdu car on est sur une filière où il est de toute façon très difficile de rattraper son retard une fois que celui-ci est acté. »
Reste que les professionnels vont tout de même de l’avant. Très peu d’entre eux (11 %), envisagent de procéder à des licenciements et encore moins d’être acculés au point de devoir faire face à des liquidations. « On est sur des marchés où la demande à venir sera de toute façon très élevée, l’objectif de l’ensemble des acteurs sera donc d’être résilient pour revenir rapidement à des rythmes d’activité élevés » comme ceux enregistrés au cours du premier trimestre 2020.
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4,3 millions de prises attendues en 2020
Si la filière s’attendait à battre un nouveau record de productivité pour atteindre 5,3 millions de prises supplémentaires de fibre optique construites en 2020, après en avoir déjà réalisé 4,8 millions en 2019, la crise sanitaire a jeté un froid sur leurs ambitions. « On s’attend à redescendre à 4,3 millions de prises construites en 2020, soit un million de moins qu’attendu, ce qui nous fait revenir à un rythme inférieur à celui constaté en 2019 », regrette ainsi l’organisation Infranum, qui regroupe les professionnels du secteur. Celle-ci devrait publier de nouveaux résultats chiffrés à la fin du mois pour faire le point sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur leur activité.
Pour les professionnels du secteur, cet impact dépendra en grande partie des mesures que pourraient prendre les pouvoirs publics pour soutenir la filière. « On estime aujourd’hui que le coût d’une prise a augmenté de 11 à 17 % durant la période de confinement et de 4 à 8 % depuis le 11 mai dernier », indiquent en effet ces derniers. Et de réclamer un soutien, autant logistique que financier, pour soutenir l’écosystème, et plus précisément les professionnels chargés du raccordement, qui ont eu le plus à souffrir de la crise.
« Ce ne sont pas les fabricants de fibre qui sont à la peine, mais bien ceux qui la posent », explique ainsi Etienne Dugas, le président d’Infranum. Il a en effet fallu pour ces entreprises dédoubler leurs appareils, rallonger les chantiers, équiper leurs personnels en équipements de protection, de quoi gonfler les coûts fixes et freiner de manière substantielle la productivité. Reste désormais à rattraper ce qui peut l’être, ce qui passera par une batterie de mesures – à commencer par la reconnaissance de la filière comme “essentielle” dans l’éventualité d’une seconde vague – qu’Infranum détaillera à la fin du mois de juin.
Par Pierre Benhamou | Modifié le