La filière des infrastructures numériques plaide pour un plan de relance d’envergure

Technologie : La filière des infrastructures numériques vient de chiffrer le soutien qu’elle attend des autorités. Coût de ce plan de relance hautement stratégique ? Pas moins de 11,2 milliards d’euros, dont 7 milliards à la charge des pouvoirs publics.

Durement éprouvée par le confinement, la filière des infrastructures numériques en appelait au début du mois à l’aide des pouvoirs publics pour soutenir sa croissance. Sous l’égide d’Infranum, celle-ci a livré ce jeudi plus de détails sur les contours que pourrait adopter ce plan de relance lors des Assises du Très haut débit.

La filière des infrastructures numériques plaide pour un plan de relance d’envergure
La filière des infrastructures numériques plaide pour un plan de relance d’envergure

Il faut dire que la filière – désormais érigée au rang de comité stratégique de filière par les autorités – a du pain sur la planche pour atteindre tous ses objectifs. À commencer par la poursuite de la mise en œuvre du New Deal Mobile et la complétude de la couverture du territoire en Très haut débit d’ici à 2022 dans le cadre du plan France THD.

Celle-ci a également pour but de s’imposer à l’avenir comme une « filière d’exportation performante et ambitieuse » tout en permettant en France l’essor de smart cities et de réussir l’adaptation de ses effectifs, forts d’environ 280 000 salariés, aux métiers de demain.

Un plan chiffré à 11,2 milliards d’euros

Autant d’objectifs qui s’écrivent aujourd’hui en pointillés, alors que le confinement a été vécu comme une véritable douche froide par les 13 000 entreprises – en majorité des TPE et PME – qui composent la filière.

Comme le rappelait récemment Infranum, les déploiements fixes et mobiles ont été fortement impactés par le confinement, comptabilisant jusqu’à 50 % de baisse d’activité au cours des derniers mois, qui se traduiront inévitablement par un retard d’environ un million de prises non déployées en 2020.

Si ce retard est estimé à entre deux et trois mois, le redémarrage nécessitera le soutien des pouvoirs publics, estiment les professionnels du secteur. Ces derniers ont chiffré ce plan de relance à environ 11,2 milliards d’euros, dont 7 milliards d’euros à la charge des pouvoirs publics.

Vers une généralisation du FttH

Dans le détail, la filière propose tout d’abord de réviser les objectifs du Plan France THD pour favoriser la généralisation du FttH sur l’ensemble du territoire. Comment ? En garantissant l’accès au guichet THD radio de l’Arcep jusqu’à fin 2021, tout en prolongeant sa durée d’exploitation jusqu’à 2030.

La filière réclame par ailleurs un abondement supplémentaire de 400 millions d’euros pour porter l’ensemble du soutien des autorités à 680 millions d’euros en lieu et place des 280 évoqués jusqu’à maintenant.

Pour assurer la généralisation de la couverture FttH sur l’ensemble du territoire, les acteurs du secteur demandent en outre un meilleur financement public de la desserte en zone rurale et la réintégration des raccordements au nouveau cahier des charges du plan France THD.

Faciliter l’accès à la bande des 2,6 GHz

En ce qui concerne l’édification de territoires intelligents, dont l’ampleur reste encore trop « limitée » selon les acteurs du secteur, là encore la filière réclame davantage d’implication de la part des pouvoirs publics. Charge aux autorités de définir d’ici fin 2021 un plan de développement de ces territoires connectés d’un nouveau genre à l’échelle nationale.

Pour faciliter l’édification de ces zones, les acteurs de la filière des infrastructures numériques souhaitent travailler de concert avec d’autres filières stratégiques représentant tout à la fois les industries de l’énergie, de la construction ou encore des transports.

Et d’en appeler à une évolution de la législation en vigueur autour de la vidéoprotection ainsi que la redéfinition des conditions financières d’attribution de la bande des 2,6 GHz pour faciliter l’accès aux réseaux mobiles professionnels, dont disposent déjà des groupes comme ADP ou EDF. Le tout pour un coût total estimé à 1,5 milliard d’euros, dont 1,35 milliard d’euros à la charge des autorités.

La reconversion des effectifs en point de mire

Alors que la filière s’attend à un pic de recrutement en 2022, se pose d’ores et déjà la question de la reconversion de ces personnels.

« Au-delà de 2022, seule une partie de cette main d’œuvre sera mobilisée sur le périmètre de l’exploitation des réseaux construits », reconnaissent en effet les représentants de la filière, pour qui la question se posera bientôt d’assurer la pérennité de ces emplois.

Pour parvenir à maintenir la viabilité de ces emplois, ces derniers en appellent aux régions pour mettre en place des centres de formation dédiés aux nouveaux métiers du numérique. Mais aussi à l’Etat pour développer de nouvelles formations et favoriser l’émergence de nouvelles certifications, le tout pour un investissement chiffré à 13 millions d’euros, dont 6 millions à la charge des autorités.

Accélérer la numérisation des entreprises… et des administrations

Alors que les pouvoirs publics entendent bien s’appuyer sur le développement de nos infrastructures numériques pour assurer la transformation de l’économie nationale, les professionnels regrettent que les entreprises françaises occupent encore la 14e place au sein de l’UE en ce qui concerne l’utilisation du numérique.

Accélérer l’essor de la numérisation des entreprises pourrait alors passer par la mise en place d’un crédit d’impôt pour les TPE/PME pour le raccordement à une connexion fibre optique professionnelle, jugent les professionnels du secteur.

Les administrations ne sont toutefois pas oubliées. La filière réclame en effet aux pouvoirs publics de prévoir des financements spécifiques pour permettre aux 800 000 administrations encore privées d’accès au Très haut débit d’être raccordées à une connexion fibre optique professionnelle. Coût total de ces mesures ? 960 millions d’euros, entièrement pris en charge par les pouvoirs publics.

Un soutien à l’exportation

Enfin, la filière ne souhaite pas s’arrêter au seul marché domestique. Alors que « la présence des acteurs français sur les projets à l’export est mise à mal principalement par des offres de marché d’acteurs extra-européens qui sont à même de proposer le montage de projets clé en main avec un financement intégré », les acteurs du secteur demandent un accompagnement des autorités.

Celles-ci sont en effet appelées à faire preuve de davantage de volontarisme sur le plan diplomatique pour vanter les mérites du secteur à l’étranger via une marque ombrelle pour stimuler l’attractivité de la production française d’infrastructures numériques.

Mais également à mobiliser des financements nationaux et européens pour permettre aux industriels de monter des projets clé en main et des projets de partenariat public-privé en matière d’infrastructure numérique, pour un budget estimé à 2,25 milliards d’euros, dont 980 millions d’euros à la charge des pouvoirs publics. Reste désormais à voir si ce plan détaillé trouvera grâce aux yeux des autorités et si celles-ci passeront la seconde dans ce dossier hautement stratégique pour les années à venir.

Par Pierre Benhamou | Modifié le

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