Technologie : Pour Martin Bouygues, il faut tout d’abord finaliser la couverture du territoire en 4G avant de se lancer dans le déploiement des réseaux 5G. Une position que le dirigeant a de nouveau défendu ce mercredi au Sénat.
Martin Bouygues persiste et signe. Auditionné ce mercredi au Sénat, le PDG du groupe Bouygues a réitéré son opposition au calendrier actuel prévu par les autorités pour la fin des enchères 5G, qui doivent se clôturer en juillet ou en septembre prochain. Pour le dirigeant, l’urgence n’est pas là : il faut tout d’abord finaliser la couverture du territoire en 4G avant de commencer à déployer un réseau 5G digne de ce nom.
« Les opérateurs ont beaucoup déployé dans les zones blanches, mais manifestement il reste à faire », a ainsi regretté Martin Bouygues, pour qui la période de confinement imposée ces derniers mois a mis en évidence le manque de connectivité de certaines zones peu denses. Pour ce dernier, « il faut aller plus vite et plus loin ». Et de proposer « que les opérateurs construisent 1 500 à 2 000 sites mutualisés supplémentaires dans les prochaines années en plus de ceux déjà construits dans le cadre du New Deal » afin d’accélérer la couverture totale du territoire en 4G.
Cette ambition aura pourtant un coût. L’état-major de Bouygues Télécom chiffre ainsi l’investissement total à consentir de la part des opérateurs « plusieurs centaines de millions d’euros ». Pour le financer, la direction de l’opérateur avance une solution : que la somme soit défalquée du coût total de l’obtention des fréquences 5G dans le cadre d’un nouvel accord-cadre conclu avec les autorités. Pour Martin Bouygues, il s’agit là « d’un système simple, efficace, financé qui se propose de prendre en considération les demandes des territoires ».
Un report indolore pour l’économie française ?
Alors que les autorités, par la voix de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher, refusent tout report du calendrier de la 5G, cette position de principe a le don d’agacer le PDG du groupe Bouygues, pour qui « retarder les enchères 5G de cinq ou six mois ne pose aucun problème pour la compétitivité de l’économie française ». Pour ce dernier, « ce n’est qu’à partir de 2023 que la maturité de la 5G et l’arrivée d’une seconde phase d’équipement permettra d’envisager de nouveaux usages, notamment industriels, grâce à des débits élevés et de plus faibles taux de latence ».
Et de se faire plus menaçant. « Si d’aventure les pouvoirs publics venaient à demander aux opérateurs, une fois ces enchères bouclées, des investissements supplémentaires pour la couverture des zones blanches, notre réponse sera forcément assez réservée. Nous saurons rappeler à la ministre ou à son successeur qu’il y avait un levier pour améliorer les choses et les financer », a-t-il ainsi fait savoir ce mercredi devant les membres de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.
Pour autant, l’opérateur l’assure, il sera « bien candidat à l’obtention de fréquences supplémentaires, même si les enchères devaient avoir lieu en septembre » et l’ouverture de ce nouveau front sur la 5G ne se fera pas au détriment du New Deal actuel. « Nous ne souhaitons pas du tout avoir une “4G des campagnes” et une “5G des villes”, nous affirmons juste qu’il faut améliorer la couverture de certaines zones du territoire et que pour renforcer cette couverture, le nombre de sites supplémentaires dont on a besoin s’exprime en milliers », explique le PDG de Bouygues Télécom Olivier Roussat, estimant nécessaire que cet investissement soit négocié avec les autorités avant la clôture des enchères 5G.
Cette revendication, également portée par la direction de SFR, sera-t-elle entendue par les autorités ? Rien n’est moins sûr. Interrogée dans les colonnes du Figaro ce week-end, la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher a réitéré la position du gouvernement, qui insiste pour que la dernière phase des enchères soit organisée, sous l’égide de l’Arcep, à compter du mois de septembre prochain.